samedi 19 juillet 2008

Sarkozy et l'eugénisme



Jusqu'en 1933, l'eugénisme était considéré comme une technique de l'arsenal scientifique. Il s'agissait d'améliorer telle ou telles souches humaines à travers le contrôle de la reproduction. À travers l'eugénisme, les scientifiques espéraient éliminer les pathologies héréditaires (on parle d'eugénisme médical) ainsi que les déviances sociales qui pourraient avoir une origine héréditaire, par exemple la criminalité là où celle-ci se révèlerait congénitale.
Une politique eugéniste particulière propre à l'Allemagne nazie s'est mise en place dès 1933. Elle consistait:

- d'une part à favoriser la fécondité des humains considérés comme supérieurs. (Politique pro-nataliste, soutien familial, pouponnières, lebensborn ...)

- d'autre part à prévenir la reproduction des humains considérés comme génétiquement déficients (diabétiques, myopes, etc.) et de ceux considérés comme inférieurs ou mentalement non désirables (les criminels, arriérés mentaux, etc.).

L'Allemagne a cherché à lutter contre l'avortement pour les femmes considérées comme supérieures, alors que dans le même temps la circulaire secrète de 1934 autorisait l'avortement pour les femmes devant être ultérieurement stérilisées. Le décret secret de 1940 a été plus loin en rendant obligatoire l'avortement pour les femmes « inférieures ». 200 000 femmes furent ainsi stérilisées jusqu'en 1945.

Un autre exemple est celui de l'homosexualité, considérée par cette mouvance comme une maladie. L'Allemagne eugéniste proposait aux homosexuels le choix entre la castration volontaire ou la mise en camps de concentration.

Avant même l'arrivée d'Hitler au pouvoir, une majorité de scientifiques et d'hommes politiques étaient favorables à l'eugénisme. La loi de 1934 portant sur la stérilisation eugénique s'est mise en place à l'aide de la participation active du docteur Gütt (médecin haut fonctionnaire), de Falk Ruttke (juriste) et Ernst Rüdin (psychiatre génétique suisse). Cette loi impose la stérilisation obligatoire pour les malades atteints de neuf maladies considérées comme héréditaires ou congénitales (cécité, alcoolisme, schizophrénie, ...). On estime que 400 000 Allemands ont été stérilisés entre 1934 et 1945. Ces stérilisations ont fait l'objet d'un quasi consensus dans la communauté médicale allemande.

D'autres pratiques, hors cadre légal, ont été utilisées pour éliminer les personnes indésirables, camps de concentration pour les alcooliques, criminels, délinquants, asociaux divers, castration des criminels sexuels et homosexuels, stérilisation des enfants métis nés de mères allemandes et pères africains, nord africains, indochinois de l'armée d'occupation française, extermination des tziganes et des juifs.

L'eugénisme allemand et ses variantes suédoise et états-unienne n'étaient pas des actes isolés de pervers, mais au contraire le résultat d'une politique d'élimination systématique, basée sur des techniques « scientifiques », et organisée par l'administration.

Il est également intéressant de noter que cette forme d'eugénisme avait remis en avant une notion déjà considérée mythique : celle de « race aryenne » ; les anthropologues de l'époque parlaient plutôt de race nordique ou de race alpine.

En 2007...

Lors d’un entretien avec Michel Onfray pour le journal Philosophie Magazine, Nicolas Sarkozy a affirmé que les comportements comme la pédophilie ou le suicide avaient une origine génétique.

Extrait

Michel Onfray : (...) on ne naît pas homosexuel, ni hétérosexuel, ni pédophile. Je pense que nous sommes façonnés, non pas par nos gènes, mais par notre environnement, par les conditions familiales et socio-historiques dans lesquelles nous évoluons.

Nicolas Sarkozy : Je ne suis pas d’accord avec vous. J’inclinerais, pour ma part, à penser qu’on naît pédophile, et c’est d’ailleurs un problème que nous ne sachions soigner cette pathologie.

Il y a 1 200 ou 1 300 jeunes qui se suicident en France chaque année, ce n’est pas parce que leurs parents s’en sont mal occupés ! Mais parce que, génétiquement, ils avaient une fragilité, une douleur préalable.

Prenez les fumeurs : certains développent un cancer, d’autres non. Les premiers ont une faiblesse physiologique héréditaire. Les circonstances ne font pas tout, la part de l’inné est immense.

(...)

Ce matin sur France 2, Nicolas Sarkozy a défendu cette prise de position et réitéré ses propos.

« Moi, j’ai avancé ces idées pour en débattre. A partir de ce moment-là, Bayrou dit ’glaçant’. S’il ne veut débattre de rien, alors ne débattons de rien ».

« Les Français, on va leur dire : ’dormez-bien, il n’y a qu’à acheter des somnifères et on ne s’occupe plus de rien et on ne résout aucun des problèmes de la société française’. C’est quand même extravagant ».

« Qui peut me dire que c’est normal d’avoir envie de violer un petit garçon de trois ans ? (...) Quelle est la part de l’inné et de l’acquis » ?

« Au moins débattons-en, quand même, ne fermons pas la porte à tout débat. Si on ferme la porte à tout débat, cela veut dire qu’il n’y a rien à soigner, rien à guérir ».

« Si Mme Royal et M. Bayrou sont choqués dès qu’il y a une idée nouvelle, ce n’est pas la peine d’être candidats. »

Nombreuses critiques

De toutes part s’élèvent les protestations contre les conceptions du candidat de l’UMP. Politiques, scientifiques et médecins soulignent non seulement la fausseté mais aussi la dangerosité d’une vision où l’homme serait prédéstiné par ses gènes.

Au premier chef, le généticien Axel Khan qualifie, dans une tribune publiée par Marianne, la thèse de Nicolas Sarkozy de « ridicule et fausse ».

« La vision d’un gène commandant un comportement complexe tel que ceux conduisant à l’agressivité, à la violence, à la délinquance, à la dépression profonde avec dérive suicidaire, est ridicule et fausse ».

Son collègue André Langaney, sur France Info, a souligné que ces déclarations rappellent « ce que voulaient faire des gens pendant la deuxième guerre mondiale ».

« Il y a des scientifiques d’extrême droite qui pensent qu’on a tout à la naissance et qu’on ne peut plus rien changer. Si on suit ces gens-là, il faudrait presque faire des tests génétiques à la naissance ou faire un tri des embryons pour éliminer les pédophiles avant qu’ils naissent ».

Dans la classe politique, les réactions sont tout aussi vives.

François Bayrou a jugé ce propos « glaçant ».

« Ce sont des propos qui ne sont plus des propos humanistes, c’est glaçant. Dire que les adolescents qui se suicident le font parce qu’ils sont nés comme ça, c’est quelque chose qui nous détournerait de notre travail de prévention, de soins ».

« C’est un propos très grave, ça voudrait dire qu’on n’a aucune chance, que son destin est joué à l’avance. Je ne crois pas qu’il y ait un médecin, un psychiatre en France qui puisse entendre ces propos sans frémir ».

« Si on voulait pousser, ce sont des propos comme on n’en a pas tenus en Europe depuis très longtemps ».

Philippe de Villiers s’est déclaré « abasourdi » par les conceptions de Nicolas Sarkozy, estimant qu’elles « relèvent d’un autre âge ».

« Il n’y a pas de pré-déterminisme et je trouve qu’il y a quelque chose dans cette déclaration qui conduit tout droit à une société que je ne veux pas, celle de l’eugénisme. La psychologie, la psychiatrie, toutes les sciences de l’humeur ont fait beaucoup de progrès. On sait beaucoup plus aujourd’hui comment traiter certaines déviances parce qu’on les connaît mieux ».

L’église a elle aussi manifesté son inquiétude en la personne de l’Archevèque de Paris, André Vingt-Trois qui s’est exprimé sur RTL.

« L’homme est libre. Je voudrais que l’on n’oublie pas aussi que l’on est dans une société qui fait une chasse génétique »

« Quand on décrète que des enfants atteints de trisomie 21 ne doivent pas naître, qu’est-ce qu’on fait ? De l’eugénisme ».

« Ce qui me paraît plus grave, c’est l’idée que l’on ne peut pas changer le cours de l’existence (...) Dire que quelqu’un est prédéterminé par la famille qui l’a entouré, les conditions dans lesquelles il a vécu, cela veut dire que l’homme est conditionné absolument ».

1 commentaire:

Anonyme a dit…

A mon avis l'eugénisme est la prolongation de l'esclavage et de la privation de liberté qu'ont instaurés les dirigeants de nos sociétés pour pouvoir exploiter les esclaves .
La castration et l'excision ont et sont probablement encore aujourd'hui, les privilèges des esclavagistes qui achètent hommes et femmes pour en faire ce qu'ils veulent en fonction de leurs intérêts personnels .
Il est clair que le sexe n'est pas nécessaire a la vie de ceux qui en sont privés .